SIESTE BUCOLIQUE.
Inscrit à la natation à l'âge de 12 ans, je découvrais les corps presque nus de mes camarades. À cette période de ma vie, j'étais un enfant gros, complexé qui subissait des moqueries quotidiennement. Je ressentais déjà une attirance pour les autres garçons, mais j'étais persuadé (ou plutôt je m'obligeais à croire.) qu'il s'agissait d'envie, d'être à leur place. Je voulais leurs corps minces plutôt que ce corps méprisé. Dans l'eau, je ne subissais plus mon poids, plus aucune difficulté à me mouvoir. 3 ans plus tard, ce corps que je haïssais tant devenait enfin celui que je désirais.
Dans ce nouveau corps svelte et athlétique, j'admirais pourtant toujours celui de mes camarades masculins... J'en admis l'évidence : ce n'était pas de l'envie, mais un désir brûlant, étouffé sous une lourdeur de honte et de peurs qui persistait tant bien que mal à s'embraser sous des années d'auto-maltraitance. C'est dans ce contexte que Miguel a rejoint le club de natation.
Incendie.
J'avais une quinzaine d'années, lui en avait dix-sept. Miguel avait cette étonnante précocité pour son jeune âge. Un corps musclé tel un David marbré, une pilosité incroyablement développée, une peau dorée et une chevelure sombre et bouclée. Nous avons très vite sympathisé. Malgré ma timidité et la crainte de mon homosexualité dévoilée, je me laissais aller dans cette bromance nouvelle.
Adolescence et hormones exacerbées, hypersensibilité et frisson du toucher. Chacun de ses gestes, de ses sourires, de ses mimiques... Chatouillant l'intérieur de mon ventre et de mes pensées la nuit.
Nous avions pris une habitude, un moment à nous, à l'abri des regards dans un immense parc à côté de la piscine. Réfugié au milieu des lilas, nous restions allongés à l'ombre à refaire le monde, fumant nos cigarettes en cachette, dans notre lieu secret, notre cocon violet.
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